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Lecture de : Ritournelle de la faim de J.M.G. Le Clézio

l’écrivain est un virtuose de la langue, un musicien qui, à l’image de Ravel dont le ‘Boléro’ résonne dans les dernières pages du roman, assène une troublante mélodie. A l’économat, dans une prose aérienne, il déploie la vie d’Ethel, écrit le roman d’une vie en reconstituant la mémoire fragmentée. Miettes d’histoires dont le souvenir fugace resurgit par impressions, dans une douce mélancolie. Le Clézio esquisse, appose chaque trait dans le vacarme du monde, sans se laisser prendre au jeu de la chronique historique. Son attention reste fixée sur la jeune femme, ses rencontres et ses affections, sa famille prise dans la tourmente.

Les personnalités et les sentiments se nouent pour former le vrai canevas du récit. Celui sur lequel la marche du monde s’imprime. Car dans les prémices de la guerre, les formes se dessinent, les caractères se précisent. Ethel grandit avec sur ses fragiles épaules le poids des renversements, celui de l’horreur qui s’avance. Si l’écrivain se moque de la “vérité”, il creuse l’authenticité dans le coeur d’Ethel. A elle la spoliation, à elle la charge des erreurs de ses aînés. Et c’est bien la colère qui gronde dans ces pages.

La faim d’une jeunesse sacrifiée sur l’autel de la guerre. La faim des illusions qu’on lui a arrachées.

 

 Ritournelle de la faim de J.M.G. Le Clézio, 

Editeur : Gallimard
Publication :2/10/2008

 

 

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